Harvey Weinstein avait une "liste rouge" de femmes susceptibles de le dénoncer
Selon le témoignage d'un détective privé au procès Weinstein, le producteur tenait une liste rouge de femmes susceptibles de le dénoncer et voulait enquêter sur elles. L'actrice Rosie Perez a par ailleurs témoigné au procès, assurant que son amie Annabella Sciorra lui avait parlé dès 1993 du viol dont elle se dit victime.
Harvey Weinstein voulait recueillir des informations sur les femmes susceptibles de le dénoncer, a raconté vendredi un détective privé lors de son audition à New York, au troisième jour du procès pour agressions sexuelles du producteur de cinéma, emblématique du mouvement #MeToo.
Le détective privé Sam Anson a expliqué avoir reçu un courrier électronique d'Harvey Weinstein mi-août 2017, un peu moins de deux mois avant la publication des révélations du New York Times et du New Yorker.
Weinstein voulait enquêter sur plusieurs femmes
Le message contenait une "liste rouge" de personnes sur lesquelles l'ancien patron du studio Miramax demandait au privé d'enquêter. Par téléphone il avait précisé sa requête. "Il disait qu'il s'inquiétait de la préparation d'articles évoquant son comportement sexuel de manière négative", a témoigné Sam Anson, qui a assuré ne pas avoir donné suite à cette demande.
Sam Anson a expliqué qu'Harvey #Weinstein l'avait appelé, puis lui avait envoyé par mail une liste de "red flags" (signaux d'alarmes), des personnes qu'il fallait appeler en premier. Parmi ces noms ? Annabella Sciorra, qui accuse le producteur de l'avoir violée.
— Valentine Pasquesoone (@valpasquesoone) January 24, 2020
Dans cette liste figuraient notamment, selon l'enquêteur, les noms des actrices Annabella Sciorra et Rose McGowan, qui affirment avoir été violées par Harvey Weinstein. Annabella Sciorra a raconté jeudi avoir été violée par M. Weinstein à l'hiver 1993. Elle a également détaillé le harcèlement auquel il l'aurait soumise pendant des années.
L'actrice Rosie Perez à la barre
Bien qu'elle n'ait pas parlé publiquement de ce viol jusqu'en octobre 2017, Mme Sciorra avait témoigné jeudi en avoir parlé à une amie, l'actrice Rosie Perez (Do The Right Thing de Spike Lee, Etat second de Peter Weir).
Vendredi, cette dernière a comparu comme témoin et a bien indiqué avoir parlé à Annabella Sciorra, la nuit de son agression présumée. A la demande de la procureure, Mme Perez a montré du doigt M. Weinstein, assis avec ses avocats. L'ex-magnat d'Hollywood lui a fait signe de la main.
#Weinstein Rosie Perez a décrit une conversation téléphonique avec Annabella Sciorra : "Elle avait une voix très étrange. Elle m'a dit d'une voix tremblante 'je crois que quelque chose de grave est arrivé. Je crois que j'ai été violée.' Elle a commencé à pleurer."
— Valentine Pasquesoone (@valpasquesoone) January 24, 2020
#Weinstein "Elle m'a dit qu'il avait poussé la porte de son appartement. Elle pleurait. Elle me disait 'j'ai tenté de me défendre, j'ai vraiment tenté'. Puis elle m'a décrit le viol qu'elle avait subi", a relaté Rosie Perez face à l'accusation.
— Valentine Pasquesoone (@valpasquesoone) January 24, 2020
"Annabella m'a dit Je crois que quelque chose de grave est arrivé. Je crois que c'était un viol", a déclaré Rosie Perez, actrice nommée aux Oscars pour le film Etat second. Quelques mois après, selon Mme Perez, Annabella Sciorra lui a révélé qu'Harvey Weinstein était l'agresseur. "Je lui ai dit: S'il te plait, parle à la police. Mais elle m'a dit : Je ne peux pas, il me détruira".
Un avocat de la défense, Damon Cheronis, a cependant accusé Rosie Perez de se contredire: il a souligné qu'elle avait dit dans le passé, à un journaliste du New Yorker, que Mme Sciorra ne lui avait parlé du viol que longtemps après les faits.
Une psychiatre citée pour démonter "certains mythes" sur le viol
Vendredi matin, le tribunal a entendu un autre témoin de l'accusation, la psychiatre Barbara Ziv, qui avait témoigné au procès de la star de la télé américaine Bill Cosby, condamné pour agression sexuelle. La procureure de Manhattan, Joan Illuzzi-Orbon, l'a citée pour démonter "certains mythes" sur les agressions sexuelles.
L'experte a notamment souligné que la plupart des agressions sexuelles étaient commises par une connaissance de la victime et non par un inconnu et qu'il était faux de penser que les victimes signalaient généralement leur agression à la police ou à des amis.
#Weinstein L'accusation a questionné la psychiatre sur un autre cliché : le fait que les victimes de viol n'ont plus de contacts avec leurs agresseurs par la suite. Faux, répond-elle. Des relations peuvent se poursuivre, voire se développer entre victimes et violeurs.
— Valentine Pasquesoone (@valpasquesoone) January 24, 2020
Harvey Weinstein, 67 ans, longtemps figure majeure d'Hollywood, risque la perpétuité pour avoir agressé sexuellement deux femmes, une ex-assistante de production en 2006 et une jeune actrice en 2013. Il affirme que ses relations sexuelles étaient toutes consenties. Son procès est censé durer jusqu'au 6 mars.
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